Page:Trollope - La Pupille.djvu/110

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« Si elle donnait cela, dit mistress Heathcote avec timidité, car elle craignait que le baronnet n’estimât cette prétention trop exagérée, elle aurait une femme de chambre, un salon à part pour elle, et je ferais en sorte qu’elle trouvât tout le confortable possible.

— Veuillez me croire, demandez le double de cette somme, car vous aurez bien des dépenses à faire sur lesquelles vous ne comptez pas, » répondit sir Charles.

Il fut décidé qu’aussitôt après dîner, les enfants sortiraient de la salle afin de laisser le major, sa femme, le baronnet et Sophie, causer ensemble de toutes ces affaires.

Sophie garda pendant tout le dîner un air de réserve et de hauteur, et, malgré les efforts du major et de sa femme pour animer la conversation, elle ne jugea pas à propos d’y prendre part. Sir Charles engagea alors avec Florence une charmante discussion tout amicale, qui fit encore ressortir les grâces naïves et les charmes de la jeune fille ; mais dès le dîner terminé elle sortit appuyée sur son frère et suivie des enfants, selon les ordres que sa mère lui avait transmis.

« Vous allez me trouver bien insupportable, miss Martin Thorpe, s’écria sir Charles ; je viens encore vous parler d’affaires.

— Je n’ai jamais trouvé les affaires ennuyeuses.

— Je suis ravi de vous entendre parler ainsi, » répondit le charmant baronnet tout rayonnant de bonheur, car il espérait pouvoir faire bientôt partager à Florence le doux plaisir d’aimer. Alors reprenant un peu son sérieux, il fit part à sa pupille de l’économie sensible qu’il y aurait à rester chez le major.

Puis, craignant qu’elle ne demandât encore à réfléchir, il reprit :

« Vous voyez, ma chère miss Martin Thorpe, que la raison pencherait du côté de Bamboo-Cottage ; et cepen-