Page:Trollope - La Pupille.djvu/111

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dant vous êtes entièrement libre, et nous attendons de vous une détermination prompte et définitive.

— Comment pouvez-vous supposer, monsieur, que je préférerais une habitation telle que celle-ci, qui ne m’appartient pas, au château de Thorpe-Combe, qui est à moi ? demanda après quelques minutes de silence la pauvre Sophie.

— Je ne suppose rien, mademoiselle ; mais je croyais qu’à vingt ans, une jeune personne n’avait pas des goûts trop dispendieux, et qu’elle devait aimer mieux mettre un peu d’argent de côté que de dépenser son bien tout d’un coup.

— Il serait étrange, répondit-elle avec une grimace souriante, que mes dépenses et ma manière de vivre fussent réglées contre mes idées ; quoique je sois jeune et placée sous votre tutelle, je ne suis plus une enfant.

— Et c’est pour cela, ma chère enfant, que nous attendons votre décision, reprit le major.

— Eh bien, je me décide à vivre à Thorpe-Combe ; j’irai y résider tout de suite, sous la protection du major et de sa femme.

— Qu’entendez-vous, je vous prie, par ces mots, le major et sa femme ? reprit vivement le baronnet.

— Je serais fâchée d’être mal comprise ; en disant le major et sa femme, je me dispensais de nommer tous les enfants, mais n’entendais pas dire par là que je désirais qu’ils fussent complètement séparés de leurs parents. Il serait certainement beaucoup mieux que ma cousine miss Florence Heathcote fût la seule qui vint habiter chez moi ; mais je n’en fais pas une condition : cependant je ne vois pas pourquoi je ne dirais pas que, par suite de l’économie que le major fera en venant vivre dans ma maison, il me semble qu’il pourrait bien envoyer tous ses enfants à l’école.