Page:Trollope - La Pupille.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Eh bien, chère madame, permettez donc que j’emmène Algernon avec moi à Florence.

— Algernon voyager en Italie avec vous ! Mais, quoique, grâce à Dieu, le pauvre enfant ait à peu près recouvré la santé, il ne pourra jamais supporter la joie de cette nouvelle inespérée !

— Consolez-vous ; je lui ai fait part de ce projet, et il a été assez fort pour l’entendre sans accident, répondit en souriant le baronnet. Un petit voyage de quelques mois, pendant lequel il pourra continuer ses études, lui fera beaucoup de bien, et donnera satisfaction aux exigences de notre chère pupille. »

Le père et la belle-mère d’Algernon acceptèrent avec reconnaissance l’offre de leur hôte, et, avant de terminer leur petit conciliabule, ils décidèrent aussi qu’ils enverraient leurs trois filles à l’école. Sir Charles approuva cette décision, mais ne put s’empêcher de sourire en se rappelant qu’Algernon avait prédit que Sophie viendrait à bout des résistances de ses tuteurs, et finirait par leur imposer toutes ses volontés.

Quoique sir Charles eût en arrivant manifesté l’intention de repartir immédiatement, il consentit sans difficulté à attendre Algernon une semaine. Il est vrai de dire que, depuis son séjour chez ses nouveaux amis, il avait remarqué que Florence rougissait à son approche, et que sa voix tremblait en prononçant son nom. Les huit jours se passèrent promptement pour Florence et pour lui, quoiqu’ils ne se fussent point encore avoué leur amour. Mais, la veille de son départ, le jeune homme résolut d’en finir, et de connaître, avant de s’éloigner, les sentiments de celle qu’il adorait. Jusqu’à ce jour, il n’avait jamais cherché à se trouver seul avec elle ; Algernon était toujours en tiers dans leurs promenades ; quelquefois même miss Sophie, lorsque son