Page:Trollope - La Pupille.djvu/117

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cousin ne pouvait les accompagner, sortait avec eux et ne les quittait qu’à leur retour.

Le baronnet ayant résolu, ce jour-là, de causer seul avec Florence, il fit avec elle et son frère sa promenade habituelle ; mais à un quart de mille environ de la maison, il dit franchement :

« Mon cher Algernon, je vous serai obligé de me laisser me promener seul avec votre sœur aujourd’hui : c’est notre dernière sortie, et j’ai à lui parler ; nous irons jusqu’au moulin, et nous ferons nous-mêmes tout aussi bien que vous la commission dont votre mère vous a chargé. »

En entendant ces paroles, Florence, quoique charmée du secret, quel qu’il fût, que le baronnet désirait lui confier, ne cherchait pas à le deviner, et la charmante fille était loin de prévoir ce que son cher compagnon allait lui dire.

« Voilà qui est très-mal, sir Charles, répondit Algernon ; je voulais vous demander une foule de renseignements, mais ce sera pour demain. Allez avec Florence au moulin, n’oubliez pas surtout la commission dont on m’a chargé ; moi je rentre et je vais babiller une dernière fois avec ma bonne mère, qui n’en sera pas fâchée. »

Quand Algernon se fut éloigné, sir Charles offrit son bras à Florence, et les deux jeunes gens marchèrent silencieusement, jusqu’à ce qu’on n’entendît plus du tout les pas d’Algernon.

« Voulez-vous me permettre de vous parler, ma chère miss Florence ? demanda enfin le baronnet.

— J’écouterai avec plaisir tout ce que vous voudrez bien me dire, répondit-elle avec naïveté, et sans comprendre les regards passionnés du jeune homme.

— Vous a-t-on jamais parlé de ma pauvreté excessive, Florence ? Je ne voudrais pas que vous me crussiez