mais ; sa sœur, luttant d’adresse et de mensonge avec Sophie et parlant toujours de la tristesse et de la langueur de son frère.
De cette manière, le temps passa assez vite. Le major pêchait, mistress Heathcote faisait des robes, Florence lisait, écrivait et se promenait dans les bois, et les deux petits garçons restaient souvent auprès de mistress Barnes, qui cherchait à leur faire oublier que la mauvaise cousine Sophie, comme ils appelaient l’héritière, vivait dans la même maison qu’eux.
Un beau matin du mois de juin, les Heathcote aperçurent sur le chemin de Londres une voiture perdue dans la poussière et qui marchait vers le château.
« Qu’est-ce que cela ? » demanda le major par curiosité.
Bientôt il put distinguer une chaise de poste à deux chevaux et chargée de bagages. Quoique cela les intéressât fort peu, ils regardaient sur la route les postillons qui faisaient claquer leurs fouets, quand tout à coup mistress Heathcote tomba sur une chaise, en s’écriant :
« Grand Dieu ! je reconnais la malle de notre Algernon. »
La portière s’ouvrit, et, en un instant, sir Charles et Algernon tombèrent dans les bras de la famille Heathcote. Algernon embrassa père, mère, sœur et frères, et, dans son émotion joyeuse, je crois que sir Charles en fit autant. Enfin, quand ils revinrent à eux, le major demanda au baronnet la cause de ce retour précipité, tandis que la bonne Poppsy admirait Algernon, qui était grandi de deux pouces et engraissé de la moitié. Voyant l’ignorance du major relativement aux intentions de sa pupille, sir Charles ne voulut rien répondre encore à ses questions réitérées, et se contenta de lui demander :
« Où est miss Martin Thrope ?