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de la table : « Je voudrais savoir s’il y a une bibliothèque dans la maison. »

Montagu proposait à Bentinck de demander du champagne, et le major s’entretenait avec sa femme, d’un bout de la table à l’autre, du confortable qui régnait chez leur parent.

« Mon très-cher major, criait la dame de sa plus grosse voix et la bouche pleine, de grâce, ne laissez pas passer ce plat sans y goûter ; de votre vie, vous n’avez rien mangé d’aussi bon.

— Je te remercie, Poppsy, je le demanderai tout à l’heure ; mais toi-même n’oublie pas ce mets délicieux qui va passer devant toi.

— Me tiendrez-vous tête, monsieur Wilkyns ? » demanda M. Spencer avec amabilité, en montrant une bouteille de bordeaux placée devant lui. Le géant gallois parut d’abord ne pas comprendre, puis, après un moment de réflexion, il répondit gravement : « Je préfère boire de l’ale.

— Vous allez vous croire avec un vandale, s’écria en souriant miss Wilkyns ; mais mon père est aussi fier de sa bière que de ses nobles ancêtres et ne méprise rien tant que le vin, si ce n’est les marchands qui l’importent.

— Vraiment ? répondit M. Spencer en tendant son verre vide au sommelier ; il y a certainement quelque chose de digne dans ce goût, et je l’admire autant que je le dois, ajouta-t-il en vidant d’un trait son verre de champagne.

— Que disiez-vous de ma bibliothèque, mon jeune ami ? demanda gaiement M. Thorpe à Algernon.

— Je n’en disais rien, monsieur, répondit le jeune homme en rougissant un peu, puisque j’ignore même si vous en possédez une.

— Voici qui est logique, Algernon, dit l’oncle en sou-