Page:Trollope - La Pupille.djvu/34

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riant ; mais demain vous en saurez davantage à ce sujet. Maintenant, monsieur mon neveu, voulez-vous trinquer avec moi ?

— Oh ! pour l’amour de Dieu, ne lui faites pas boire de vin, s’écria mistress Heathcote ; il n’a bu que du lait depuis douze mois, monsieur, et vous ne pouvez vous imaginer le bien que cela lui a fait.

— Son oncle ne détruira pas l’heureux ouvrage de sa belle-mère, murmura doucement M. Thorpe en souriant affectueusement à sa grosse voisine. » Puis se tournant vers le sommelier : « Grimstone, ajouta-t-il, envoyez chercher un bol de lait, et faites qu’il y en ait toujours à la disposition de M. Algernon. »

En entendant cet ordre, Florence leva ses beaux yeux sur son oncle et le remercia du regard.

« Dieu bénisse mon âme (c’était l’exclamation favorite de M. Thorpe), votre cousine Florence est une bien belle personne, Sophie ; je ne l’avais pas encore remarquée, mais elle est vraiment d’une beauté parfaite.

— Mais, oui, monsieur, elle est très-belle.

— Excessivement belle fille, répéta le vieillard en la regardant de nouveau. Et son frère, comment est-il, ma chère ? continua M. Thorpe.

— Il est très-instruit, mon oncle, mais d’une extravagance incroyable. Hélas ! quel que soit son caractère, il ne donnera bientôt plus ni peine ni plaisir à sa famille, car les meilleurs médecins l’ont unanimement condamné. »

En disant ces mots, la jeune fille s’attrista visiblement ; son oncle la contempla un instant d’un air tendre, puis lui touchant doucement le bras, il murmura à son oreille : « Ne parlons plus de cela ; demain nous causerons à notre aise, et vous me direz tout ce que j’ignore sur vous et votre famille d’adoption. »

Sophie regarda son oncle avec une expression de gra-