titude si sincère, que celui-ci en fût profondément touché et se dit à lui-même : « Pauvre orpheline ! comme un mot affectueux semble lui faire du bien et ravir son triste cœur ! »
Pendant ce temps, sir Charles faisait les honneurs au bout de la table, s’efforçant de son mieux de venir en aide à son vieil ami dans l’accomplissement de ses devoirs de maître de maison. Miss Wilkyns, consolée tant bien que mal de l’allusion que son oncle avait faite à sa majorité, se disait, en admirant à la sourdine les grâces du jeune baronnet, que, quoique la moins jolie de la famille, elle n’en était pas moins l’aînée, et la seule héritière d’une jolie fortune, et que, s’il était possible, elle ne serait pas fâchée de devenir lady Temple.
Du reste, plus elle regardait le magnifique profil du jeune baronnet, plus cette perspective lui paraissait agréable : aussi chercha-t-elle, aussitôt que les convenances le lui permirent, à engager la conversation avec le favori de son oncle. Après bien des questions insignifiantes, elle demanda vivement au baronnet qui étaient les plus jolies femmes d’Herefordshire, et si elles étaient nombreuses.
« La plus jolie que j’y aïe vue est en ce moment devant vous, répondit-il, car je n’en ai jamais rencontré une seule qui fût comparable à votre cousine Heathcote… Elle se nomme Florence, je crois ?
— Je ne le sais certes pas, répondit miss Wilkyns avec beaucoup de dédain. Je suppose qu’elle est ma cousine, parce que je la vois ici, et voilà tout.
— Ne la trouvez-vous pas admirablement belle ? continua le baronnet avec admiration.
— Il faut que cela soit, puisque vous le dites ; mais nous ne sommes pas bons juges en cette matière, nous autres femmes. Cependant, à mon goût, elle manque de tournure et de style, ce qui détruit l’effet pos-