Page:Trollope - La Pupille.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sible de sa petite beauté. Et puis elle est vraiment habillée comme une paysanne, et cela lui fait du tort. Il me semble que notre autre cousine, qui est assise près de l’oncle Thorpe, est infiniment mieux… Oh ! certainement elle est mieux, reprit-elle en lorgnant Sophie ; il n’y a pas de comparaison.

— Quoi ? cette naine à la peau olive, qui a ces yeux noirs et rusés ? vous plaisantez assurément.

— Vraiment non, monsieur, voyez plutôt comme elle s’habille : ses vêtements ne sont pas d’une plus belle étoffe que ceux de l’autre ; mais comme ils sont mieux faits et mieux portés ! D’ailleurs, ses cheveux bouclent naturellement, ce qui est une grande beauté, et enfin elle paraît très-intelligente. Je veux faire connaissance avec elle.

— Et moi avec l’autre, reprit sir Charles en riant ; puis après nous verrons qui de nous deux avait raison. »

Le silence qui se rétablit entre sir Charles et miss Elfreda permit au baronnet de demander aux jeunes Spencer à quelle école ils appartenaient.

« Eton, répondirent-ils ensemble.

— Avez-vous un bon rang ?

— Dans les onze premiers, répondirent-ils encore à l’unisson, de sorte que sir Charles commença à croire que les jeunes Spencer n’avaient qu’une pensée et qu’une voix pour eux deux.

— Savez-vous ramer ? » continua M. Temple en s’adressant toujours aux Spencer.

Ici l’ensemble dut cesser, car l’un savait et l’autre ne savait pas.

« Quelle noble institution ce doit être que cette école d’Eton ! dit miss Eldruda Wilkyns se mêlant à la conversation ; car les jeunes gens qui en sortent sont fort élégants et fort comme il faut. Je ne connais rien de plus dissemblable que l’éducation que reçoivent les