Page:Trollope - La Pupille.djvu/51

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— Non, non, nous nous placerons comme le hasard décidera, répondit M. Thorpe en se levant ; veuillez prendre encore une tasse de thé, messieurs, et en offrir à ces dames ; je reviens à l’instant. »

Et en disant ces mots le vieillard sortit.

Un moment après, Grimstone parut et pria miss Martin de la part de son oncle de venir un moment lui parler. Sophie trouva M. Thorpe à la porte du salon ; il l’attira vers lui, et lui mit dans la main une élégante bourse brodée, contenant d’un côté dix souverains, de l’autre vingt schellings, en disant : « Tenez, chère enfant, prenez ceci ; ce sera votre argent de jeu, et quand vous n’en aurez plus, je vous en donnerai encore. Maintenant rentrez au salon, je vous suis. »

Sophie le remercia avec autant de surprise que de tendresse, et reparut au salon. En s’asseyant à la table de jeu, M. Thorpe pria les miss Wilkyns de chanter en se faisant accompagner par sir Charles, et la partie commença. Sophie jouait avec M. Spencer, contre le major et M. Thorpe. La jeune fille jouait vraiment très-bien, et M. Spencer lui en fit son compliment très-sincère.

« Je crois que cette charmante enfant peut réussir en toutes choses, ajouta M. Thorpe en la regardant avec tendresse.

— Quand mes trois oncles condescendent à jouer avec moi, répliqua Sophie avec modestie, je dois faire tout mon possible pour jouer passablement. »

Pendant tout ce temps, les demoiselles Wilkyns continuaient à se faire prier et supplier par sir Charles ; enfin, après bien des coquetteries, des sourires, des hésitations et des refus, miss Eldruda se mit au piano et ses deux sœurs se préparèrent à chanter.

L’air et son accompagnement étaient parfaitement conformes au style qu’on pouvait attendre de femmes