Page:Trollope - La Pupille.djvu/56

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qui régnait dans la maison que tout le monde dormait encore, elle s’habilla aussi vite que ses doigts glacés le lui permirent, descendit l’escalier et trouva sans difficulté le salon de l’est. Elle parvint non sans peine à ouvrir la porte de verre, et fut éblouie du paysage qui s’offrit à ses yeux. Elle fit alors une ravissante promenade, tombant à chaque pas de surprise en surprise. Elle était au milieu des bois et voyait se dérouler devant elle un magnifique panorama, tandis que par derrière elle une colline s’élevait en amphithéâtre. Florence ne savait ni l’heure qu’il était, ni à quelle distance elle se trouvait du château, et cependant elle se sentait heureuse et chantait, de sa douce voix, un air doux comme elle.

Quand elle eut fini sa ballade et comme elle allait chercher son chemin pour rentrer, elle entendit tout à coup au dessus de sa tête un grand fracas dans les branches, et une pluie de neige tomba sur elle et l’enveloppa comme un manteau. Elle se retourna vivement et poussa un cri perçant en apercevant sir Charles Temple, qui descendait en courant la colline et sautait légèrement à terre, tenant dans sa main un fusil, ayant un carnier plein de canards sauvages sur le dos, des chiens à ses côtés et un habit de chasse bien différent de son élégante toilette de la veille.

« Je vous demande mille fois pardon, miss Heathcote, dit-il, non-seulement de vous avoir causé tant de frayeur, mais aussi de vous avoir ensevelie sous la neige. Je chassais de l’autre côté de la colline, quand des sons enchanteurs frappèrent mon oreille ; voulant savoir d’où ils venaient, je suis accouru de ce côté, mais j’ignorais que cette colline débouchât aussi brusquement à cette place. »

En disant ces mots, il avait déposé son fusil à terre et s’apprêtait à secouer la neige qui couvrait le manteau de la jeune fille ; mais celle-ci, un peu remise de