Page:Trollope - La Pupille.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

En entendant cela, tout le monde s’approcha de la fenêtre.

« Oh ! non, je ne crains rien pour elle, répondit le major en envoyant un sourire à sa fille. Elle est forte comme un homme et n’a jamais été malade. Aussi la laissons-nous faire tout ce qu’elle veut.

— Ne craignez-vous pas qu’elle ne prenne des manières par trop masculines ? reprit M. Spencer en soulevant légèrement les épaules.

— J’espère qu’il n’en sera rien, reprit vivement M. Thorpe ; je préférerais une femme langoureuse à une femme qui aurait des manières masculines ; je n’hésite pas à le dire, car c’est bien mon opinion.

— Puis-je aller auprès d’elle, papa ? dit Algernon au major.

— Allez le demander à votre mère, enfant, et couvrez-vous bien. »

Algernon sortit sur-le-champ.

« Il est malheureux, major, s’écria M. Spencer, que votre fils ne puisse pas changer de sexe avec sa sœur ; cela serait bien désirable.

— Je ne désire aucun changement en Florence, monsieur, car elle est bonne et belle, et, quant à sa robuste santé, je ne voudrais pas la lui retirer même au profit de son frère.

— Et vous avez bien raison, reprit M. Thorpe qui examinait la grâce charmante et les mouvements délicats de sa ravissante nièce. Que Dieu la bénisse, cette délicieuse créature, et la conserve toujours aussi belle, aussi heureuse et aussi bien portante qu’en ce moment ! Je voulais simplement dire, continua-t-il, que je déteste les femmes cavalières et que je les préfère faibles et maladives.

— Ah ! grand dieu, oui ! s’écria M. Spencer avec vivacité ; je ne sais pas vraiment ce qui est le plus affreux