Page:Trollope - La Pupille.djvu/74

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En effet, après quelques pas, ils arrivèrent devant une masse de pierres et de troncs d’arbres, et ils virent la chute qui rebondissait trois fois de la hauteur de trente ou quarante pieds et s’engouffrait sous une arcade sombre. Florence et son frère, qui n’avaient jamais rien vu de pareil, furent émerveillés de cette cascade qui était cependant assez ordinaire, et Florence s’écriait avec transport : « Ah ! Algernon, que je suis heureuse d’avoir vu cela avec toi ! que c’est beau ! que c’est grand ! quelle puissance ! que c’est donc beau, la nature ! Ah ! je suis bien heureuse !

— Florence, si je vis, je verrai le Niagara, répondit Algernon avec solennité. Imagine-toi ceci centuplé ! Que cela doit être superbe !

— Fou ! penser au Niagara en ce moment ! Ceci ne suffit-il pas ? Ah ! combien je suis reconnaissante à sir Charles, qui m’a indiqué cette merveille ! sans lui, je serais partie sans la voir. As-tu vu comme ces demoiselles me trouvaient extravagante de vouloir venir ici ?

— Folles ! idiotes ! brutes ! s’écria le jeune homme. Oh ! comme je les méprise ! Et ces sots collégiens ! Ma parole, Flora, si notre petit frère Stephen, qui n’a que sept ans, parlait comme eux, je le croirais idiot ! Ceux-ci le deviendront ! Et eux, pauvres animaux, ils osent se moquer de ma mère ! Je ne m’en irai pas sans avoir vengé notre mère, Flora, j’en réponds.

— Dieu le défend, Algernon ! Mais comment pouvons-nous parler de ces choses pénibles devant ce site enchanteur ? Allons, il faut partir, car tu pourrais prendre froid, et maman nous gronderait. »

En rentrant, ils virent la voiture à la porte et se rendirent avec toute la société dans la salle à manger, où le goûter était servi.

Après que chacun eut un peu satisfait son appétit, la