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l’église : ma bonne mère craint que je ne prenne froid, parce qu’il est un peu tard.

— Mais ne pouvez-vous me dire maintenant… ?

— Si vous voulez rester de quelques minutes en arrière quand tout le monde sera parti, vous verrez.

— Allons, puisque vous le désirez, je ferai en sorte d’être libre. »

Quand la société s’apprêta, sir Charles assura qu’il allait la suivre, et il revint dans la bibliothèque.

« Me voici, mon jeune prophète ; veuillez éclairer un pauvre aveugle.

— Est-ce que tout le monde est parti ?

— Parfaitement.

— Venez, alors. Ne soyez pas étonné si je retrouve si bien mon chemin ; mais je n’ai pu résister au plaisir de visiter cette belle maison. »

En parlant ainsi, Algernon conduisit sir Charles jusqu’à une grande chambre ornée de portraits, et que nous connaissons pour la chambre de M. Thorpe, et l’arrêta devant celui du fils tant regretté du vieillard.

« Qui ce portrait vous rappelle-t-il ? demanda Algernon.

— Mais l’original.

— Non ; rappelez-vous les cheveux et le col de la chemise, reprit Algernon avec impatience.

— Oh ! oui, je vois ! s’écria sir Charles ; c’est aussi clair que le jour ! Votre vilaine petite cousine Sophie Martin était absolument arrangée de même au déjeuner ce matin. Mais sont-ce là toutes vos preuves, mon ami ?

— C’est tout ce que je puis vous montrer pour le moment ; plus tard, c’est différent.

— Cela prouve seulement que votre cousine, ayant vu aussi ce portrait, a voulu profiter d’une ressemblance étrange ; cela prouve, et de reste, vers quel but tendent