Page:Trollope - La Pupille.djvu/88

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chante comme les oiseaux dans l’air ; sa voix est assez musicale pour ne pas avoir besoin de piano.

— Allons, Florence, chantez, ma jolie enfant, reprit M. Thorpe.

— Oui, mon oncle ; mais ne croyez pas tout ce que maman dit, car vous seriez bien désappointé. »

Et, sans autre préambule, elle commença de sa voix douce, claire et suave, l’air que sir Charles avait déjà entendu dans le bois. Quand elle l’eut terminé, M. Thorpe, pour faire taire les moqueries étouffées des trois sœurs, dit avec admiration : « Maintenant, ma jolie nièce, je croirai tout ce que dira votre bonne mère, qui n’en dira jamais assez. »

Puis, il la pria de continuer ; elle y consentit et chanta sans peur tout ce qu’on lui demanda, une main dans celle de sa mère, l’autre dans celle d’Algernon, et ayant devant elle le charmant baronnet, absorbé profondément et écoutant avec amour celle qu’il adorait déjà.

« Je sais beaucoup de ces airs, dit le baronnet avec émotion, et si vous voulez bien le permettre, monsieur Heathcote, si cela convient à miss Florence, nous pourrons les chanter ensemble ?

— Ah ! quel bonheur ! Entends-tu, Florence ? Que je suis heureux ! » s’écriait M. Heathcote ; mais sa fille ne savait que dire, tant son trouble était grand.

L’émotion de sir Charles devenait de plus en plus visible ; aussi, craignant les regards moqueurs de miss Wilkyns, il sortit pour ne revenir qu’au moment où tout le monde se sépara.

« Florence, que pensez-vous que dirait M. Thorpe si je descendais mon ouvrage ? demandait à voix basse Mme Heathcote.

— Moi ? répéta Florence, sortant à peine de sa rêverie.

— Je sais que cela n’est pas convenable, reprit la grosse dame ; mais, maintenant que ce charmant ba-