Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chez lui ; arriva à la ferme de Coed, chez John Griffiths, celui des fermiers qui occupait le plus de terres. Il trouva John à la porte de son jardin, et, ayant cru remarquer qu’il était plus poli et mieux élevé que les autres fermiers en présence desquels il s’était déjà trouvé, il entra en conversation avec lui.

« Oui, monsieur, » dit John Griffiths « c’est une belle journée ; les récoltes promettent d’être bonnes. Voulez-vous entrer et voir ma femme ? Vous lui ferez honneur. »

Le cousin Henry entra dans la maison et dit quelques mots à la fermière, qui ne fut pas, d’ailleurs, particulièrement gracieuse dans l’accueil qu’elle lui fit. Il n’avait pas le don de se faire bien venir des personnes de cette classe, et il en avait conscience. Mais enfin il avait fait quelque chose ; il avait montré qu’il n’avait pas peur d’entrer chez un de ses fermiers. Quand il se retira, le fermier le suivit jusqu’à la porte, et, voulant lui donner un avis amical et utile :

« Vous devriez faire quelque chose, monsieur, des terrains enclos qui sont entre les plantations de jeunes arbrisseaux et la route.

— Sans doute, monsieur Griffiths ; mais je ne suis pas fermier.

— Louez-les alors, monsieur. William Griffiths sera bien content de vous en payer le fermage. Notre vieux maître n’aimait pas que sa terre passât dans d’autres mains. Dans les dernières années il ne s’est pas occupé d’améliorer sa propriété ; mais c’est différent maintenant.

— Oui, c’est différent maintenant. Je ne crois pas que je vive ici, monsieur Griffiths.

— Vous ne vivriez pas à Llanfeare ?

— Je ne le crois pas. Je ne suis pas fait pour vivre ici. Ce n’est pas ma faute ; mais, je le vois bien, on ne m’aime pas ici. » Et il s’efforçait de rire.