Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/86

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peut pas faire plus. Et maintenant je vais vous dire bonsoir, il faut que je fasse mes malles pour mon voyage de demain, avant de me coucher. »

Alors il l’embrassa froidement et elle le quitta.

Clara devait partir par le train de huit heures du matin : il n’y avait donc pas beaucoup de temps pour causer avant son départ. Pendant la nuit elle avait essayé de bannir de son cœur tout sentiment d’amertume, mais elle avait bien été obligée de se dire à elle-même que son fiancé s’était montré plus froid après qu’elle lui avait honnêtement avoué l’avoir aimé la première. Sa franchise n’avait pas réussi, et elle regrettait de n’avoir pas feint l’indifférence comme tant de femmes le font avec succès. Mais il était trop tard pour revenir en arrière et son devoir était d’envisager les choses sous leur meilleur jour. Elle descendit donc déjeuner avec une figure souriante.

Le capitaine Aylmer l’avait précédée dans le petit salon. Dès qu’ils furent seuls, Aylmer prit une figure grave et commença un petit discours sérieux qu’il avait préparé.

« Clara, dit-il, ce qui s’est passé hier entre nous me cause une grande satisfaction.

— J’en suis bien aise, Frédéric, dit-elle, essayant, d’être un peu moins sérieuse que son fiancé.

— Mais quand je me rappelle qu’hier seulement j’ai conduit ma chère tante à sa dernière demeure,