Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/88

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« Mais vous m’avez entendu déclarer que j’étais parfaitement satisfait, dit-il.

— Fred, écoutez-moi un moment. Hier, nous nous sommes engagés l’un à l’autre comme mari et femme.

— Certainement.

— Écoutez-moi, cher Fred. Même près de la mort, nous devons songer à la vie, et s’il était bon pour nous deux que nous fussions unis, il aurait été ridicule de ne pas nous le dire, parce que ma tante était morte huit jours avant[1] ; mais je pense que les sentiments causés par sa mort nous ont rendus trop précipités.

— Je ne vous comprends pas.

— Vous avez été désireux d’accomplir la promesse que vous lui aviez faite, sans considérer si, en agissant ainsi, vous assuriez votre propre bonheur, et moi… j’ai été trop pressée de croire ce que je désirais.

— Qu’entendez-vous par tout cela, Clara ?

— J’entends que notre engagement doit cesser, non pas nécessairement pour toujours… mais, pour le moment, vous serez libre de nouveau…

— Mais je ne veux pas être libre.

— Quand vous y réfléchirez, vous verrez que c’est mieux ainsi. Vous avez accompli honnêtement votre

  1. La cérémonie des funérailles, en Angleterre, n’a lieu que huit jours après le décès.