Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/16

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impossible que vous, vous ne continuiez pas à l’aimer.

« Tâchez en tout ceci d’être sévère à l’égard de vous-même, et demandez-vous ce que la justice exige de vous. Je vous conseille d’écrire à M. Bertram. Dites-lui franchement, avec humilité et affection, que vous lui demandez pardon pour l’injure que vous lui avez faite. Ne lui dites que cela. S’il persiste à regarder votre engagement comme rompu, votre aveu ne saurait le mettre dans la nécessité de revenir sur sa détermination. Si, au contraire, il se laissait attendrir, — chose que je ne mets pas en doute, — le premier train vous le ramènera, et celui qui à l’heure qu’il est souffre cruellement, j’en suis certaine, serait de nouveau heureux — plus heureux, certes, qu’il ne l’a été de longtemps.

« Je vous supplie de faire cela, non pas pour vous, mais pour lui. Vous êtes dans votre tort, et c’est à lui qu’il faut songer. Vous allez peut-être vous représenter ce que seraient vos souffrances si votre lettre ne le décidait pas, si votre humilité ne le touchait pas ; mais vous n’avez pas le droit de penser à cela. Vous l’avez offensé et vous lui devez réparation. Vous ne devez pas espérer ne point souffrir après avoir mal agi.

« Je crains que cette lettre ne vous paraisse bien cruelle. Mais venez me trouver, ma chère Caroline, et je saurai vous parler sans dureté. Moi aussi, je ne suis point heureuse ; mais je ne tiens point mon bonheur entre les mains, comme vous. Venez me trouver, je vous en prie. Mon père sera enchanté de vous voir. Je