Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/211

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— Je le désire, sans nul doute. Je trouve cela indispensable, vu ma position à l’égard de votre grand-père.

— Agissez absolument comme vous le jugerez convenable, répondit lady Harcourt.

C’est ainsi que Caroline avait exprimé le désir de voir George Bertram chez elle. Si ce dernier eût su la vérité, que serait devenu son petit sentiment de satisfaction vaniteuse ?

Pendant les premiers temps de son mariage, lady Harcourt jouit de son triomphe avec le plus grand calme. Son changement de vie ne parut pas l’émouvoir beaucoup. Sa tante venait souvent de Hadley pour la voir, et s’étonnait de trouver si peu de changement en elle. Sous de certains rapports pourtant, elle était fort changée, car lady Harcourt avait des manières plus douces, la parole moins vive, et un moins grand amour de domination que n’avait jadis eu Caroline Waddington. Elle allait beaucoup dans le monde, et on y faisait grand cas d’elle ; mais elle y obtenait surtout ces succès calmes que les femmes d’une grande beauté remportent si facilement. Il semblait qu’elle n’eût qu’à rester tranquille et à sourire de temps à autre, pour que le monde fût a ses pieds. Souvent, hélas ! le sourire manquait, et pourtant le monde adorait tout de même.

Chez elle, elle était plus occupée, mais elle ne montrait guère plus d’animation. Son mari lui avait dit qu’il tenait à ce qu’on remarquât leurs dîners, et elle avait étudié la chose comme un enfant bien sage étudie