Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/296

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leurs bonnes couleur café au lait, de femmes pâles et alanguies, et d’hommes bilieux. Tout ce monde devait faire le voyage avec Bertram et Wilkinson.

Ni l’un ni l’autre ne regarda avec bienveillance cette foule qui venait encore ajouter à tous les désagréments de leur position. Ils firent ce que font la plupart des Anglais en pareil cas : ils se tinrent à l’écart avec des airs rébarbatifs, froncèrent le sourcil quand des enfants se mettaient à pleurer dans leur voisinage trop immédiat, et subirent avec un ennui mal dissimulé le bavardage incessant que les nouveaux arrivés émaillaient de mots anglo-indiens.

Pourtant, à côté d’eux, au bout de la longue table d’hôte, étaient assises deux dames qu’il leur fut impossible de regarder sans bienveillance. Toutes les deux étaient jeunes et jolies. La voisine de George était même remarquablement jolie. À vrai dire, c’était une des plus jolies femmes qu’il eût jamais vues, ou qu’il fût même possible de rencontrer en quelque lieu de la terre. Elle était prodigue de sourires, et son sourire était divin ; elle était prodigue aussi de paroles, et sa parole était spirituelle. La dame qui se trouvait auprès d’Arthur était peut-être moins attrayante ; mais elle avait de grands yeux fort doux, que de temps à autre elle levait sur lui, et qu’elle baissait ensuite sur son assiette, de façon à faire jaillir des étincelles du cœur, pourtant assez sévère, de notre jeune ministre du Hampshire.

Ils se trouvèrent bientôt, tous les quatre, en grande conversation, au déplaisir très-apparent de deux mes-