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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/437

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parlement. Mais le baron Brawl et les hommes de sa sorte ne lui montraient plus aucune déférence, et quand il parlait, il ne trouvait plus des auditeurs charmés sur les bancs de la Trésorerie. Son règne avait été brillant, mais il avait été bien court. Il avait su jouir de la prospérité, mais l’adversité le trouvait sans force.

Depuis le jour où il avait hésité et tardé à donner sa démission, sa popularité avait disparu aussi rapidement que le plomb s’enfonce dans l’Océan. Il était devenu contrariant, acariâtre, morose. Le monde l’avait blâmé au sujet de sa femme, et il avait donné le démenti au monde d’une façon violente et peu judicieuse. Le monde avait rétorqué, et, en définitive, sir Henry avait eu le dessous à tous les points de vue.

De mémoire d’homme, jamais astre politique et judiciaire ne s’était élevé si rapidement à l’horizon et ne s’était éteint plus vite. Malheureusement il n’avait pas été donné à Harcourt de conserver l’équilibre de son esprit au jour des revers.

Ses dettes étaient son plus pressant souci. Il avait voulu se faire une grande position à Londres, et il y avait réussi. Restait à en payer les frais, et ses créanciers les lui réclamaient aujourd’hui sans ménagements. Pendant que le vieillard de Hadley était encore vivant, — ou, pour mieux dire, pendant qu’il était mourant, — il avait eu réponse à toutes les demandes ; mais aujourd’hui, que répondre ? Chaque clause de ce malheureux testament se trouverait reproduite dans le Times du lendemain, — ce Times qui avait déjà donné