Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/79

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blessants dits avant le mariage sont bien difficiles à supporter, savez-vous ?

— Je sais mesurer mes paroles. Mais pourquoi essayerais-je de me justifier ? Il est tout naturel que vous preniez fait et cause pour votre amie. Si vous ne le faisiez pas, je vous en voudrais. Mais, Adela, si j’ai péché, j’en suis puni, — j’en suis grièvement puni. Ah ! oui, j’en suis puni ! Et George se laissa tomber sur une chaise, la tête cachée dans les mains et appuyée sur la table.

Cette conversation avait lieu au salon, et, avant qu’Adela eût pu lui répondre, une des petites Wilkinson entra.

— Adela, nous vous attendons pour sortir, dit-elle ; nous allons visiter l’école.

— Je viens tout de suite, répondit Adela en se levant précipitamment. Elle espérait que Mary s’en irait et la laisserait seule un instant avec Bertram. Mais, au lieu de cela, la jeune fille, qui n’était pas disposée à quitter le salon sans Adela, s’approcha de son cousin et lui demanda s’il avait la migraine.

— Non du tout, répondit George en relevant la tête, mais je suis à moitié endormi. Décidément le séjour de Hurst-Staple porte au sommeil. Où est donc Arthur ?

— Il est dans la bibliothèque.

— Eh bien ! j’y vais aussi. Dans la bibliothèque du moins on peut dormir sans crainte d’être dérangé.

— Merci ! vous êtes bien poli, maître George, dit Mary qui sortit du salon en emmenant Adela.