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la contemple avec ravissement, elle lui propose humblement un mariage d’amour qui durera autant que le soleil et la lune. Ils arrivent à une île au milieu de l’océan et pénètrent dans un palais de pierres précieuses, où le héros est magnifiquement accueilli par les parents de la Princesse Tortue : coupes de nectar, mets parfumés, chants et danses de jeunes vierges aux joues roses, jusqu’au crépuscule où, tous les êtres divins s’étant peu à peu retirés, les deux époux restent seuls, sourcil contre sourcil et manche contre manche. Le mortel élevé à ce bonheur imprévu oublie sa vie précédente. Mais, au bout de trois ans, la nostalgie s’éveille en son cœur : il voudrait revoir ses vieux parents et, comme le renard mourant, reposer sa tête sur la colline où est son terrier. La princesse, tout en larmes, appréhende la fin de cette union qu’elle avait crue solide comme la pierre et le bronze. Pourtant, elle le laissera partir, en lui confiant la cassette magique dont le secret doit assurer son retour. Il entre dans son bateau ; elle lui dit de fermer les yeux ; et le voici au pays natal. Mais là, tout est changé. Un paysan qu’il interroge s’étonne qu’on lui demande la demeure d’un homme qui disparut il y a trois cents ans. Ainsi, il a quitté son amour pour retrouver son père et sa mère ; mais eux-mêmes ne sont plus. Que faire ? Il erre à l’aventure, désolé, jusqu’au moment où, sa main touchant la boîte, il se rappelle son amante et, tout à la fois, oublie son serment. D’instinct,