tre les partisans de la corvée, l’impossibilité de faire à la fois tous les chemins par la corvée.
Suite des observations du garde des sceaux. — Pourra-t-on se flatter d’y réussir par la voie de l’imposition ?
Réponse de Turgot. — Non certes, mais jamais on ne s’est pro-r posé un pareil but dans aucun genre ; il ne faut pas vouloir tout faire à la fois.
Suite des observations du garde des sceaux. — Si l’imposition de chaque généralité est employée dans son étendue, l’inconvénient sera le même. L’on ne pourra employer d’ouvriers qu’à proportion de ce que la somme imposée permettra d’en salarier, et il y aura également des routes commencées partout, que l’on ne pourra achever qu’avec le secours du temps.
Réponse de Turgot. — Ce n’est point un inconvénient que de ne point faire une chose impossible. Quand on n’a point la baguette des fées, on n’achève rien qu’avec le secours du temps. Mais M. le garde des sceaux a peut-être cru que j’avais fait un reproche au système des corvées de ce qu’on ne pouvait pas faire tous les chemins à la fois. Cependant ce que j’ai dit n’est en aucune manière, susceptible d’une pareille interprétation.
Suite des observations du garde des sceaux. — Il est vrai qu’on aura l’avantage de pouvoir dans chaque généralité disposer des fonds de l’imposition d’une même route, et de n’en entreprendre d’autres que lorsque cette première sera achevée, si on le juge à propos.
Réponse de Turgot. — Cet avantage est très-grand, car il fait jouir le public des travaux à mesure qu’ils avancent.
Suite des observations du garde des sceaux. — Cet avantage mérite considération ; mais n’est-il pas à craindre que le prix des journées des ouvriers, qui augmente en proportion de celui des denrées, ne rende difficile de pousser les ouvrages autant qu’il serait à désirer ; que les ouvrages ne restent imparfaits faute de fonds pour payer les travailleurs, et que la confection des grandes routes ne soit retardée au lieu d’être accélérée ?
Réponse de Turgot. — Si l’augmentation du prix des journées d’ouvriers vient de l’augmentation de celui des denrées, et de ce que les propriétaires sont plus riches, l’impôt sera moins onéreux. Ce qu’on dit ici de la dépense est également vrai de toutes les dépenses du Roi. Si le royaume devenait en général plus riche, s’il y avait plus d’argent, plus de capitaux, plus d’activité dans l’industrie et dans le commerce, toutes les dépenses du roi augmenteraient en