Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/348

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Sa Majesté aurait désiré qu’il lui eût été possible, dès à présent, de se passer de tous les bois compris dans ces arrondissements ; mais les bois qui lui appartiennent et qu’elle se propose de destiner

    « Voilà, sire, les réflexions que le zèle le plus pur dicte au ministère chargé de la conservation des lois de votre royaume. La confiance dont Votre Majesté nous honore nous à enhardis à lui représenter tous les inconvénients qui peuvent résulter d’une subversion totale dans toutes les parties du commerce, et nous ne doutons pas que, si Votre Majesté daigne peser l’importance des motifs que nous venons d’avoir l’honneur de lui exposer, elle ne se détermine à faire examiner de nouveau la loi qu’elle se propose de faire enregistrer. Au lieu d’anéantir les communautés dans tout son royaume, elle se contentera de déraciner les abus qu’on peut justement leur reprocher, et la même autorité qui allait les détruire donnera une nouvelle existence à des corps analogues à la constitution de l’État, et qu’il est facile de rendre encore plus utiles au bien général de la nation. Animés de cet espoir si flatteur, nous ne pouvons en ce moment que nous en rapporter à ce que la sagesse et la bienfaisance de Votre Majesté voudra ordonner. »

    Ensuite M. le garde des sceaux, monté vers le roi pour prendre ses ordres, ayant mis un genou en terre, a été aux opinions à Monsieur, à M. le comte d’Artois, etc. [Voyez l’observation de la page 331.]……

    M. le garde des sceaux, monté vers le roi, agenouillé à ses pieds pour prendre ses ordres, redescendu, remis à sa place, assis et couvert, a dit :

    « Messieurs, le roi a donné des lettres patentes portant modération du droit sur les suifs. Sa Majesté ordonne que lecture en soit faite par le greffier en chef de son parlement, les portes ouvertes. »

    Me Paul-Charles Cardin le Bret, greffier en chef, s’étant avancé jusqu’à la place de M. le garde des sceaux, à reçu de lui les lettres-patentes ; revenu à sa place, debout et découvert, en a fait lecture.

    Ensuite M. le garde des sceaux a dit aux gens du roi qu’ils pouvaient parler.

    Aussitôt les gens du roi se sont mis à genoux.

    M. le garde des sceaux leur a dit que le roi ordonnait qu’ils se levassent. Ils se sont levés, et debout et découverts, Me Antoine-Louis Seguier, avocat dudit seigneur roi, portant la parole, ont dit :

    « Sire, Votre Majesté accorde un nouveau soulagement à son peuple par la suppression des droits énoncés dans les lettres-patentes dont nous venons d’entendre la lecture ; votre parlement se serait porté à les enregistrer de lui-même, si elles n’avaient supposé l’anéantissement d’une communauté qu’il espérait que vous voudriez bien conserver avec tous les autres corps d’arts et métiers de votre royaume. Votre Majesté persiste dans sa volonté, nous ne pouvons nous dispenser de requérir qu’il soit mis au bas des lettres-patentes dont la lecture a été faite, qu’elles ont été lues et publiées par Votre Majesté, séant en son lit de justice, et registrées au greffe de la cour pour être exécutées selon leur forme et teneur. »

    M. le garde des sceaux, monté vers le roi pour prendre ses ordres, ayant mis un genou en terre, à été aux opinions à Monsieur, à M. le comte d’Artois, etc. [Voyez l’observation de la page 331.]……

    Ensuite le roi a dit :

    « Vous venez d’entendre les édits que mon amour pour mes sujets m’a engagé à rendre ; j’entends qu’on s’y conforme.

    « Mon intention n’est point de confondre les conditions ; je ne veux régner que par la justice et les lois.

    « Si l’expérience fait reconnaître des inconvénients dans quelques-unes des dispositions que ces édits contiennent, j’aurai soin d’y remédier. »

    Après quoi le roi s’est levé, et est sorti dans le même ordre qu’il était entré.

    M. le garde des sceaux a suivi le roi, et, quelque temps après, la compagnie est sortie dans le même ordre qu’elle était entrée, et descendue dans la cour des princes.