Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/50

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On a même la précaution de ne délivrer chaque jour, et par forme d’à-compte, que la quantité de marreaux qui suffit pour pourvoir aux besoins physiques des diverses personnes employées sur l’atelier ; et, si une famille laborieuse fait plus d’ouvrage qu’il n’en faut pour sa subsistance, on lui donne à la fin du travail le surplus en argent. Les conducteurs d’ateliers ont pour cela une forme de comptabilité très-claire, établie par des registres à colonnes imprimées.

Tous ces arrangements, et toutes les précautions nécessaires pour qu’ils s’exécutent avec facilité, simplicité et sûreté, sont développés très-clairement, avec un soin extrême, dans une lettre et une instruction circulaires imprimées, et adressées par M. Turgot à ses subdélégués et aux commissaires des ateliers de charité. — Nous n’avons pu y voir sans surprise et sans émotion jusqu’où s’étend la sagesse attentive, prévoyante et paternelle qui en a dicté tous les détails. — Les travaux de ce genre sont ce que l’on peut imaginer de plus difficile à faire, surtout pour un homme d’un savoir étendu et d’un génie élevé comme l’est ce magistrat. On trouverait cent beaux esprits capables de concevoir et d’exécuter les ouvrages les plus brillants, contre un qui saura empêcher qu’une pauvre famille ne soit privée de la soupe dont elle a besoin, et que des commis ne puissent malverser avec les fonds qu’il faut leur confier. — Ce sont là les véritables soins de l’administration, ceux dont elle doit être occupée sans cesse, ceux qui sont le plus ignorés, ceux qu’on admire le moins, mais ceux aussi qui sont les plus utiles, qui méritent le mieux la bénédiction des peuples, qui montrent le plus aux sages quel terrible fardeau est attaché aux fonctions publiques pour l’homme de bien éclairé.


V. SUPPLÉMENT
AUX INSTRUCTIONS DU 1er AOÛT ET DU 20 NOVEMBRE 1768,
CONCERNANT LA SUPPRESSION DE LA MENDICITÉ[1]. (19 février 1770.)


Le Conseil s’étant déterminé à étendre les ordres ci-devant donnés pour la suppression de la mendicité à tous les mendiants, soit qu’ils

  1. Cette pièce accompagnait la Lettre circulaire aux subdélégués de l’inten-