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Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/101

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Miles Hendon s’interposa, et d’une voix ferme :

— Pas si vite, l’homme, dit-il. Tu es passablement rude, ce me semble. Que lui veux-tu à cet enfant ?

— Je pourrais te demander à toi-même de quoi tu te mêles, puisqu’il est mon fils.

— Vous mentez, cria le roi avec exaltation.

— Bien répondu, repartit Hendon. Je te crois, que ta pauvre tête soit fêlée ou non. Je ne sais si ce misérable est ton père, et ne veux point le savoir ; mais je garantis qu’il n’aura point l’occasion de te maltraiter, comme il t’en menace, si tu veux rester avec moi.

— Oh ! oui, oui ; je ne le connais pas, je le hais, et je mourrai plutôt que de le suivre.

— Voilà qui est convenu, et il n’y a pas un mot à ajouter,

— C’est ce que nous verrons bien, s’écria John Canty, en passant devant Hendon pour saisir l’enfant de gré ou de force.

— Si tu le touches, ignoble brute, je t’embroche comme une oie, riposta flegmatiquement le sauveur du roi.

Et, appuyant ces paroles d’un geste énergique, il mit la main sur la poignée de sa rapière.

Canty recula.

— Fais bien attention à ceci, continua Hendon, j’ai pris cet enfant sous ma protection, quand un tas de va-nu-pieds comme toi allaient le maltraiter et peut-être le tuer. Crois-tu que je veuille l’abandonner comme cela, pour le livrer à un sort plus cruel ? Que tu sois son père ou non — et tout me dit que tu mens — il vaudrait mieux pour lui mourir tout de suite que de tomber entre les mains d’un