Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/123

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Sa mère, heureuse et surprise, le serrait affectueusement sur sa poitrine, et disait :

— Il se fait tard. Plaise à Votre Majesté de se lever….

Était-ce bien la réponse qu’il attendait ? Hélas ! Le rêve s’était évanoui : Tom était éveillé.

Il ouvrit les yeux ; le premier gentilhomme de la chambre, en costume splendide, était agenouillé au pied de son lit. Le pauvre enfant comprit qu’il était toujours prisonnier, et toujours roi : la chambre était remplie de courtisans vêtus de pourpre — le pourpre étant la couleur du deuil de la Cour. — Il y avait là aussi tous les nobles gentilshommes attachés à la personne du Roi.

Alors commença la grave cérémonie du lever. Les courtisans vinrent, l’un après l’autre, mettre un genou en terre, et offrir à Tom leurs hommages et leurs condoléances.

Pendant ce temps, on procédait à la toilette royale. D’abord le premier écuyer de service prit une chemise et la donna au premier lord de la vénerie, qui la donna au second gentilhomme de la chambre, qui la donna au grand-maître de la forêt de Windsor, qui la donna au troisième gentilhomme de la chambre, qui la donna au chancelier royal du duché de Lancastre, qui la donna au maître de la garde-robe, qui la donna au troisième héraut ou roi d’armes de la Couronne, qui la donna au connétable de la Tour, qui la donna au grand sénéchal de la maison du Roi, qui la donna au lord héréditaire de la serviette, qui la donna au lord grand amiral d’Angleterre, qui la donna à l’archevêque de Canterbury, qui la donna au premier gentilhomme de la chambre, lequel enfin prit ce qui en res-