Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/309

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On touchait au dernier acte. L’archevêque de Canterbury souleva des deux mains la couronne d’Angleterre et la tint suspendue au-dessus de la tête du faux roi.

En ce moment une lumière éblouissante éclaira le transept. Les pairs, imitant le geste de l’archevêque, tenaient leurs propres couronnes levées.

Aucun bruit n’interrompait le silence.

Soudain on vit de la grande aile sortir lentement, solennellement, et s’avancer au pied du trône un enfant que personne n’avait aperçu jusqu’alors.

Il était nu-tête, chaussé de gros souliers, vêtu d’habits communs, usés et tombant presque en lambeaux.

Il étendit la main avec un geste imposant vers l’archevêque de Canterbury, et d’une voix impérieuse, il cria :

— Je vous défends de poser la couronne d’Angleterre sur le front de cet imposteur. Je suis le Roi !

Trente bras s’abaissèrent, trente mains saisirent l’enfant.

Au même instant, Tom Canty, vêtu du manteau royal, descendit la première marche du trône, et cria à son tour :

— Arrêtez ! Ne le touchez pas ! C’est le Roi !

Une espèce de panique s’empara de l’assemblée. On montait sur les sièges pour mieux voir. Les visages étaient hagards. On se demandait si l’on était éveillé ou endormi. Personne n’osait élever la voix. Tous semblaient pétrifiés.

Le Lord Protecteur lui-même était changé en statue. Pourtant, au bout de quelques instants, il recouvra son sang-froid, et d’une voix ferme il dit à ceux qui l’entouraient :