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LE TRÉSOR CACHÉ.

— Ne bouge pas ; ils sont déjà entrés. Voyons qui c’est. N’ouvre plus la bouche, Huck.

Nos chercheurs de trésor s’allongèrent à plat ventre, l’œil collé à un des trous que les nœuds avaient laissés dans le plancher.

Deux hommes venaient de pénétrer dans la maison hantée. Chacun des enfants se dit :

— C’est le vieux sourd-muet espagnol qui rôde depuis trois ou quatre jours dans la ville ; je n’ai jamais vu l’autre.


Non ; c’est trop dangereux.
L’autre avait la mine et la mise d’un de ces chenapans que l’on n’aime pas à rencontrer au coin d’un bois. L’Espagnol, enveloppé dans un sarapé, coiffé d’un sombrero, portait de larges favoris blancs et de longs cheveux d’une blancheur non moins vénérable. L’autre parlait à voix basse en entrant. Les nouveaux venus s’assirent par terre, adossés au mur, le visage tourné vers la porte. L’entretien fut repris ; le compagnon du vieil Espagnol cessa alors de chuchoter et ses paroles devinrent plus distinctes.

— Non, mille fois non, dit-il ; j’y ai bien réfléchi. Cela me paraît beaucoup trop dangereux.

— Trop dangereux ! répéta le sourd-muet, à la grande surprise des enfants. Poule mouillée !

Au son de cette voix, Tom et son ami se mirent à trembler.

C’était la voix de Joe l’Indien ! Après un moment de silence, ce dernier continua :

— Quoi de plus dangereux que notre dernier coup ? Nous voilà pourtant sains et saufs.