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Page:Un été à la campagne, 1868.djvu/60

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LETTRE NEUVIÈME


ce qui m’arrête en si beau chemin, pourquoi ces rires, pourquoi cette stupéfaction ? Tu me parlais dernièrement d’une certaine toison de ta connaissance et de la mienne, coquettement dessinée, gracieusement frisée… Ah ! ma chère petite, si cela peut s’appeler une toison, de quel nom désigner alors ce que je venais de toucher ? Je devais avoir, pour le moins, rencontré une forêt, peut-être pas aussi vierge que celles de l’Amérique, mais presque aussi impénétrable. Ou plutôt, non, ne cherchons pas de métaphores impossibles ; c’était bien une toison, une toison véritable, celle-là : touffue, hérissée, mêlée, inculte, rude au toucher : une dépouille de chevreau, semblable à celle que Jacob revêtit pour tromper le bonhomme Isaac, ce qui, soit dit en passant, me porte à penser que la race d’Esaü n’est pas éteinte ; Félicie doit, à coup sûr, descendre en ligne droite de ce pa-