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UNE VIE BIEN REMPLIE

sée avec sa décoration, ses salles de réunion, de spectacle et de bal ; le niveau intellectuel grandira la prospérité sociale ; les artisans de tous métiers auront beaucoup de travail à faire pour doter chaque famille des objets indispensables mobilier, articles de cuisine, vêtements, etc.

Mieux éclairés, qu’importera aux hommes de savoir qu’après leur mort la maison qu’ils ont habitée, le jardin qu’ils ont cultivé, ne seront pas transmis à leurs descendants, puisque leurs enfants seront instruits et entretenus aux frais de la commune ou de la nation jusqu’à ce qu’ils puissent travailler ; les souvenirs de famille pourront être transmissibles, comme par exemple : un objet d’art, un bijou, une montre ; et puis cette émulation, ce courage dépourvu du souci du lendemain, feront les individus comme les familles, plus heureux et aussi plus moraux ; au lieu de penser à économiser pour ses enfants, l’homme, sans souci des infirmités qui peuvent l’atteindre, pourra jouir en toute confiance du produit intégral de son travail ; il pourra, à son gré, ou voyager, ou acheter des objets d’art : bijoux, peintures, etc. ; en un mot, le champ de l’activité sera changé il y aura à faire pour tous, artisans ou artistes.

Et quelle fraternité il règnera dans une société où l’égalité sera une réalité ; pour figurer un exemple, prenons deux frères appelés à faire les mêmes études : l’un devient un savant architecte ; l’autre, qui n’a aucun goût pour l’étude, fera un maçon ou un terrassier ; il ne sera pas jaloux que son frère soit envoyé faire des voyages d’études, et quand il devra construire un palais sur ses plans, l’architecte ne sera pas jaloux de voir son frère collaborer à son œuvre en creusant les fondations de son édifice et avoir la même situation sociale que lui ; donc plus de privilégiés à l’étude et à la fortune, tous égaux en devoirs et en droits, ne portant plus de jalousie, plus de haine, le bien-être rendra les hommes bons et justes.

Tu m’as demandé pourquoi, militant dans un milieu où j’étais aimé et encouragé, je n’avais pas cherché à me lancer résolument dans la politique ; eh bien, c’est que je n’avais pas l’étoffe d’un politicien, puis mes enfants grandissaient et le contentement de pouvoir veiller chaque jour à leur éducation et à leur instruction, me retenait à la maison ;