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UNE VIE BIEN REMPLIE

le bonheur rend égoïste ; avant de me retirer de l’action militante, je fis partie du Congrès du Centre qui, par la motion suivante, se rendit au Père-Lachaise pour la première fois.

J’y prononçai le discours suivant :


« Citoyennes, Citoyens,


« Aujourd’hui dimanche 29 mai 1881, le Congrès régional réuni au théâtre Oberkampf, à Paris, déclare lever la séance en signe de deuil des vaincus de la semaine sanglante de mai 1871.

« Au gouvernement de la République bourgeoise française et au Parlement, levant sa séance en signe de deuil du despote Alexandre II de Russie, les socialistes révolutionnaires, en réponse à cet hommage rendu aux ennemis des peuples, interrompent leurs travaux d’éducation sociale pour aller saluer la terre où reposent des milliers de prolétaires massacrés sans pitié pour avoir voulu conquérir le droit à la vie par le travail et pour avoir crié à la face de la Terre : Guerre aux rois ! Paix aux peuples !

« Le Congrès salue la mémoire de ces martyrs de la cause du droit et de la justice sociale et, au nom des principes internationalistes qui l’animent, adressent également un respectueux hommage à la mémoire des socialistes révolutionnaires des deux mondes qui sont morts pour la cause du peuple.

« À nous, socialistes révolutionnaires, appartient l’honneur de glorifier nos morts, sachons pour cela nous rappeler et mettre en œuvre les sublimes paroles de la Marseillaise :

Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre.

« Gloire à la Commune et vive la Révolution sociale ! »


Aujourd’hui, c’est plus de vingt mille socialistes qui, chaque année, vont en pèlerinage au Mur des Fédérés.

Cette même année, mon organisation me donna mission de prononcer un discours sur la tombe de Blanqui ; je le fis devant dix mille personnes ; cet homme méritait bien