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UNE VIE BIEN REMPLIE

syndicale, l’avait fortement blâmé, en le menaçant de le rayer s’il recommençait.

Si pareil fait se produisait dans un syndicat ouvrier, le coupable, après avoir été entendu serait, en quelques jours, jugé, expulsé de la Société comme malhonnête, indigne, et la sanction portée à la connaissance de la corporation tout entière.

Il est indéniable que les syndicats corporatifs ouvriers ont, depuis trente ans, marqué un grand pas dans l’esprit de solidarité, de respect de soi-même et d’autrui.

C’est grâce à eux qu’un plus grand bien-être a pénétré dans les masses en même temps qu’un désir plus grand de liberté et d’indépendance ; aussi la presse, si dévouée aux intérêts patronaux a mené une furibonde campagne contre la « tyranie syndicale ».

Grâce à eux encore on ne voit plus parmi les ouvriers de ces isolés qui, ne sachant à qui se recommander en cas de grève roulaient dans leurs têtes des projets de vengeance, parlant de tout casser.

Si le gouvernement a mis la force armée à la disposition des employeurs, c’est qu’il a pu motiver son action, disant qu’une partie de la corporation était opposée aux réformes demandées « et cette partie, poussée par le patronat, n’est ni la plus pacifiste ni la plus intelligente ».

Il faut donc que les syndicats redoublent d’énergie pour arriver à grouper tous les membres d’une même corporation. Alors les conflits disparaîtront, les revendications seront résolues à l’amiable entre employeurs et employés ; plus d’harmonie règnera dans les deux camps ; en attendant que leur rêve d’une Société ayant pour base la propriété collective soit une réalité, ce qui paraît être encore bien loin, hélas !