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UNE VIE BIEN REMPLIE

femmes égales aux hommes ; aussi, je me fais du mauvais sang quand je les entends faire le procès d’une institution pendant des mois et des années sans faire l’effort nécessaire pour la renverser. Voilà plusieurs années qu’un de nos amis a mis sur le tapis la suppression du Sénat ; maintenant tous ces messieurs du Conseil sont d’accord pour dire qu’il n’est bon qu’à mettre des bâtons dans les roues et empêcher ainsi le bon fonctionnement du gouvernement républicain, et ils votent pour des délégués sénatoriaux.

Il me semble que, si la Chambre le voulait, avant quinze jours le Sénat serait aboli. Tous les députés qui veulent cette suppression n’auraient qu’à déposer une loi dans ce sens, en déclarant ne pas siéger tant qu’elle ne sera pas votée et chaque jour, sitôt entrés dans la salle du Parlement, en sortir immédiatement ; de cette façon, ils auraient gain de cause de suite ; mais non, au lieu de cela, des discours et la peur de perdre sa place. Tout est là.

Pour ce qui est de l’émigration des campagnes vers Paris, le moyen à mon avis pour l’enrayer est de rendre le foyer plus attrayant ; il faudrait pour cela que, dans chaque commune, on fasse un cours pratique de ménagères ; d’abord l’enseigner aux enfants des écoles, puis pendant l’hiver faire chaque mois une réunion pour les grandes filles, qui tout en s’occupant de différentes façons feraient la cuisine et serviraient le repas bien ordonné à toutes les sociétaires ; il en coûterait peu à la commune pour ces petites agapes mensuelles.

Aujourd’hui encore, la façon dont sont servis les repas à la campagne est déplorable, que ce soit le chef de maison, le fils ou le domestique, quand ils rentrent déjeuner, il n’y a généralement rien de prêt ; ils vont tirer le cidre, chercher au jardin la salade ou les radis qu’il leur faut laver ; on leur apporte le manger sur une table souvent malpropre ; on retourne son assiette pour manger le fromage ; cela ne plaît pas du tout.

Quand les jeunes gens verront une table proprement servie, avec nappe et serviettes, la servante-cuisinière mieux soignée de sa personne, quelques chromos aux murs pour provoquer la causerie, ils ne mangeront plus le nez dans