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UNE VIE BIEN REMPLIE

leurs assiettes ; ils seront plus gais et la pensée qu’ils pourront trouver dans leur entourage une bonne ménagère, propre et ordonnée sans qu’il en coûte davantage, au contraire, leur ôtera le désir d’aller à Paris, où neuf fois sur dix la misère les attend.

Enfin, si les femmes étaient électrices et députées, elles feraient au moins aussi bien que les hommes. J’ai même la pensée que ces grands fléaux, la guerre, l’alcoolisme, la prostitution, ne disparaîtront que lorsque les femmes auront les mêmes droits que les hommes.

Chacun félicita Mme Billon de ses réflexions aussi justes que spirituelles.

M. Savinien ajouta que pour son compte il partageait ses idées au sujet de la guerre ; pour sa croyance en Dieu, il dit que non plus on ne peut la réfuter, pas plus que la non-croyance ; le cerveau humain s’arrête devant la pensée de l’infini, seule la raison doit être écoutée avec impartialité pour ce qui est de Dieu, créateur de l’homme, il n’a fait que le mal et un bon père ne ferait que le bien ; les dieux véritables ce sont les femmes, puisque ce sont elles qui font les hommes ; il leur reste cependant encore beaucoup à faire pour les faire meilleurs.

On se sépara ensuite tous heureux d’avoir passé une aussi bonne et instructive soirée.

XXIII


Le lendemain de cette bonne causerie, je repris le chemin de Paris. En nous rendant à la gare, je me fis raconter par Cadoret l’histoire de ce paysan des Ruches qui avait tant fait parler de lui en son temps ; il me la conta ainsi.

Tu veux parler de Brigalot. En effet, ce qui lui est arrivé n’est pas banal ; si l’on ne connaissait pas les faits, on croirait plutôt à un conte, ce récit peut servir à montrer l’état d’esprit des gens des campagnes à cette époque.