Page:Une Vie bien remplie (A. Corsin,1913).djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
UNE VIE BIEN REMPLIE

vité après avoir été d’une activité intense, où les causeries avec les amis avaient pour toi un grand charme ; tu descends trop en toi-même pour tout analyser, même jusqu’aux bobos que les années nous apportent. Bon Dieu ! il faut réagir contre ce laisser-aller. De l’énergie ; je te dis, moi, que tu as encore de longs jours à vivre ; il faut prendre, que diable, la vie par le côté philosophique et tourner sa pensée vers les choses gaies, les images riantes ; la solitude, surtout quand on est malade et privé d’amis, engendre les maladies nerveuses ; mais tu n’es pas dans ce cas, tu es entouré d’amis, et ceux qui sont au loin te témoignent leurs encouragements et leurs espérances à te voir recouvrer la santé.

Pour mon compte, si, au printemps, tu ne viens pas à Paris, j’irai, moi, te voir ; nous irons ensemble dans la forêt, que tu affectionnes tant au moment où la vie s’y manifeste, cueillir les anémones et les coucous à la place où tu as vu, cet automne, les feuilles mortes couvrir la terre.

Courage, mon cher camarade ; M. Gudo, que j’ai rencontré hier, t’envoie une franche poignée de main.

Bien à toi.

Ton ami,
Savinien.

XXXIII

Les bons soins, les bonnes paroles, les bonnes lettres sont choses douces pour les malades, mais ne peuvent arrêter la mort quand elle a fixé son heure. Cadoret mourut en décembre, entouré de ses amis, emportant leur estime.

Comme ce n’était pas un sectaire, il n’avait pas d’ennemis, il fut conduit au champ de repos presque par tout le monde de la commune, où ces simples paroles furent prononcées sur sa tombe par le maire :


« Tu fus un homme bon et juste, repose en paix. »


M. Mage remit à la mairie, au nom de M. Cadoret, une