Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/188

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par une description de tableau ; il a vu à Sidon, dans un temple, une peinture qui représentait l’enlèvement d’Europe ; d’un côté, dans une prairie, étaient les jeunes compagnes d’Europe, pâles, les traits contractés, la bouche entr’ouverte, comme pour crier, les mains tendues vers le taureau ; de l’autre, dans la mer, le taureau emportait Europe, assise sur les flancs de l’animal, tenant une des cornes, d’une main, allongeant l’autre vers la croupe, laissant flotter son peplum qui gonflé par le vent lui servait comme de voile ; un amour ailé armé du carquois et de la torche, menait le taureau, et se tournait vers le dieu en souriant, comme pour se moquer d’une métamorphose qu’il avait inspirée[1]. Ailleurs, ses personnages, jetés par un naufrage sur la terre d’Égypte, admirent, dans un temple de Péluse, une statue de Jupiter, semblable à Apollon pour la jeunesse, tenant une grenade dans sa main droite ; et deux tableaux d’Evanthe, la Délivrance d’Andromède par Persée et le Supplice de Prométhée[2]. Plus loin, un tableau, exposé dans l’atelier d’un peintre, s’offre soudainement à la vue d’un personnage ; c’est un prodige qu’il faut interpréter ; l’avenir est menaçant pour Leucippe ; le peintre avait représenté les aventures de Terée, de Philomèle et de Procné ; on voyait Philomèle indiquer à sa sœur sur la toile brodée par ses mains les outrages qu’elle avait subis, et dans une autre partie de la peinture les deux femmes découvrant, aux yeux de Terée, une corbeille qui contenait la tête et les mains d’Itys[3]. Ailleurs, Achille Tatius fera de simples allusions à la manière dont les artistes représentent Séléné sur un taureau où Marsyas attaché à un arbre, ou bien il décrira une coupe en verre ciselé, ornée d’une figure de Dionysos et de grappes retombant sur les bords[4]. Dans Xénophon d’Ephèse,

  1. Tous ces détails et d’autres que nous omettons, se retrouvent, sinon réunis, du moins épars, sur les monuments parvenus jusqu’à nous. Cf. Overbeck, Gr. Kunstm. Atlas, Taf, VI et VII.
  2. Ach. Tatius, III, 6, 7 et 8.
  3. V, 3 ; remarquons que dans cette peinture Térée était au moins représenté deux fois
  4. Ach. Tat. I, 6 ; III, 15 ; II, 3.