Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/302

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par Ritschl, il est court et flotte sur les épaules, laissant à découvert la tête décorée de la couronne frontale, le double chiton étoilé et à bandes brodées, le cou orné de colliers, les bras ornés de bracelets. Le vase d'Ar- chémore lui conserve à peu près le même costume. Dans le tableau de Phi- lostrate, nous devons nous la représenter enveloppée d'un long voile comme la fiancée des Noces aldobrandines, ou encore comme Amphitrite à côté de Poseidon sur tel bas-relief de la glyptothèque de Munich (4), ou surun autre Thétis assise près de Péleus et recevant les présents de noces que lui appor- tent les dieux (2). Ge voile, la fiancée l’écartait après les solennités du ma- riage; elle déclarait ainsi que son rôle de fiancée était terminé et qu'elle entrait dans son rôle d'épouse. Le peintre aurait donc représenté Hippoda- mie se découvrant après la mort de son père comme pour dire adieu aux longues et sanglantes fiançailles auxquelles son père l'avait condamnée, On peut s'étonner de la promptitude d'Hippodamie ; mais elle aime Pélops ; elle déteste la cruauté de son père; elle a hâte de s'offrir comme récompense à son libérateur ; son geste, à défaut d'une raison tirée des usages antiques, serait encore justifié par la violence du sentiment qui la domine; il tire même un certain charme de sa vivacité, et pour ainsi dire de sa sponta- néilé. Sur un camée du musée Carpagna (3), qui représente Ariadne assise près de Dionysos, c’est l'Amour qui écarte le voile d'Ariadne pour indiquer le mariage enire le dieu et la fille de Minos; mais ici tout se passe selon l'or- dre ; l'Amour vient à son heure pour montrer la fiancée à son époux. Le geste impatient d'Hippodamie dans le tableau de Philostrate supplée avan- tageusement à la présence de l'Amour ; il est comme la manifestation sou- daine d’une joie trop longtemps contenue et d’un aveu trop longtemps retardé, Pélops debout sur le char à côté d'Hippodamie tournait sans doute les yeux vers elle, puisque Philostrate nous dit des deux personnages qu'ils + avaient peine à contenir leur ardeur mutuelle. Pélops était jeune et un Lydien; ainsi il se montresur presque toutes les peintures de vases. Quelquefois cependant, comme sur le vase d’Archémore, il ne porte que la chlamyde grec- que; ainsi le représenta l'art romain, en lui donnant aussi quelquefois un aspect plus âgé (4). Le roi OEnomaos, d’après Philostrate, avait un aspect farouche et cruel. A cette expression, qui ne saurait nous surprendre chez le père d'Hippoda- mie, se mêlait sans doute un air d'effroi et de terreur comme sur une belle tête découverte dans les fouilles d'Olympie et qui semble avoir appartenu à Ja statue d'OEnomaos placé par Pœonios dans le fronton antérieur du temple


{1) Tahn, Bericht. der kôn. sacs. Gesell. der Wiss., 1854, p. 164.

(2) Zoega, Bass. 52. Cf. Jahn, à l'endroit cité plus haut.

(8) Buonarotti, Medagl. antich., p. 430.

(4) G. Ritschl., Opuscula, 1, 803, note ** et pour les armes que porte ordinairement Pélops, sut.