Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/303

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de Jupiter (1). OEnomaos sur les monuments porte d'ordinaire le casque, la cuirasse, la chlæna et l'épieu ; était-il ainsi armé dans le tableau de Philo- strate ? La chose est probable sans être certaine. D'un autre côté, était-il foulé aux pieds de ses propres chevaux, comme dans le bas-relief du Lou- vre ? Voyait-on cette roue brisée ou détachée, cause de l'accident, qui nous aide aujourd’hui à distinguer ce sujet d’une simple course de char, et qui a paru quelquefois aux archéologues un, signe trop certain (2)? Il faut nous résigner à ne rien savoir sur tous ces points. De même Philostrate n’a point jugé à propos de nous faire savoir de combien de personnages se composait celte foule qui représentait l'Arcadie et le Péloponèse. Ils étaient peu nombreux sans doute, à en juger par les habitudes de l'art antique. Deux fleuves, l'Alphée et son affluent Cladéos, avaient été témoins de la victoire de Pélops. Tous les deux étaient figurés dans le fronton antérieur du temple d'Olympie qui représentait les préparatifs de la lutte entre Pélops et OEnomaos; un des angles était occupé par le Cladéos, l’autre par l'Al- phée (3). L'Alphée dans notre tableau est chargé de deux rôles ; il précise le lieu de la scène et il couronne le vainqueur. De ces deux rôles, le premier dans le sarcophage du Louvre a été donné à une femme couchée qui per- sonnifie Pise ou Olympie ; le second paraît appartenir au cocher de Pélops quitient à la main et élève au-dessus de la tête de son maître un objet assez semblable à une couronne. Sur le bas-relief Guattani, un fleuve couché sur un tertre et comme suspendu en l'air, à l'extrémilé de la composition, con- temple la course : « c’est le Cladéus, dit un des commentateurs, il appuie sa main droite sur une rame, pour indiquer que la course devait commencer au bord du fleuve et finir à l'isthme de Corinthe. » Le Cladéos pourrait être aussi bien l’Alphée, et la rame pourrait n'être ici que l’attribut d'un fleuve navigable ; loujours est-il que ce personnage est là pour indiquer le théâtre de la course. Personne ne pose une couronne sur la tête de Pélops, En re- vanche, sur le vase d’Archémore, on nè voit ni l’Alphée ni le Cladéos; mais une Victoire volant au-dessus du char de Pélops tient une bandelette, dont elle doit ceindre le front du héros. Nous savons gré au peintre de notre tableau d'avoir remplacé la Victoire par l'Alphée ; comme témoin courroucé des atrocités d'OEnomaos, il avait dû favoriser les desseins de Pélops ; en outre, comme il représente tout à la fois l'Elide qu'il traverse, l'hippodrome qui s'étend sur ses bords, c'est toute la contrée, c'est Pise et Olympie qui sem- blent par la main du dieu récompenser leur libérateur. Dans l’hippodrome


(1) Arch. Zeitung, Bericht 32 (1879, p. 117). CE. Curtius et Hirschfeld, les Fouilles d'Olympie, vol. IV, pl. IX.

(2) Voir par exemple Clara, Musée, 204 bis, pl. 214 bis, n° 189. Sans la roue dont s'arme un personnage pour en assommer un autre, qui se serait avisé de reconnaitre en ce sujet la mort d'OEnomaos ?

(3) On croit avoir retrouvé le torse, la tête, la partie supérieure du bras gauche et les

jambes du Gladéos olympien. Cf. Curtius et Hirschfeld, les Fouilles d'Olympie, 1, pl. XXU, IV, VIT, VIII et IX.


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