Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/334

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dresse. Il faut croire que l’expédient ne satisfait pas entièrement Philostrate, puisqu’il s’écrie : maladresse étrange, difficile à croire de la part d’Apollon ; ou plutôt, au moment où Philostrate écrit ces mots, il n’a pas encore aperçu le Zéphyre souriant derrière Apollon, et ne pense pas encore à l’ingénieuse facon dont les artistes avaient cherché à sauver l’honneur du dieu, si habile à tirer de l’arc et à lancer le disque.

Outre l’attitude présente d’Apollon, si conforme à la douleur qui l’accable, Philostrate nous décrit encore l’attitude qui a précédé. Apollon, pour lancer le disque, avait fléchi le genou, penché le corps en avant, renvoyé la main droite en arrière, tourné le visage de côté, puis par un brusque mouvement qui avait communiqué au disque une force et un élan considérables, il avait repris sa position naturelle. Cette attitude est celle que nous admirons dans le Diseo- bole de Myron : un seul détail manque à la description de Philostrate, comme l’a fait observer Welcker ; le rhéteur ne parle pas de la main gauche, qui sans doute venait s’appuyer sur le genou droit, comme pour l’affermir, ni du genou gauche, se pressant fortement contre le genou droit, pour aider l’ac- tion de lamain. On remarquera d’ailleurs que le Discobole décrit par Philostrate, comme celui qui a été exécuté par Myron, ne tourne pas la tête de manière à voir le disque, à l’instant où le bras le tient en l’air, à la plus grande distance possible du corps, mais bien de façon à le saisir du regard au passage et à le suivre dans son élan jusqu’au but qu’il doit atteindre (4).

Hyacinthe était étendu sur le sol. Philostrate remarque qu’il a les jambes bien droites. C’était là une qualité fort appréciée par les Grecs cher les jeunes gens et les jeunes filles qui s’exerçaient à la course ; au contraire les jambes, décrivant une courbe, passaient pour moins agiles, moins solides et surtout pour moins belles (2). Les molles rondeurs du bras commencçaient à se sou- lever, dit Philostrate ; cé détail caractérise assez bien le jeune homme dans l’age de la puberté. La beauté des os se laissait deviner à travers la peau ; comment Philostrate a-t-il pu Jouer la beauté des os, quand rien ne nuit plus à la beauté que des os mal couverts par les muscles ? D’ailleurs puisque les muscles commencent à s’arrondir sur le bras, comment ne cachent-ils pas toute la charpente osseuse du corps ? Nous ferons remarquer d’abord que Philostrate ne parle point des os comme apparents ; il devine qu’ils sont beaux, sans doute parce qu’il voit des muscles bien en place, et un corps brillant de jeunesse et de beauté. Puis la position d’Hyacinthe qui était cou- ché, et dont la tête était peut-être plus basse que le reste du corps, n’était- elle pas de nature à faire ressortir les os du thorax ? Ces os, bien formés, ni trop forts ni trop frêles, dessinant sur la peau des sillons réguliers, arrachent




(1) Sur cette attitude, cf. Welcker, 4. Dexkm., 1, pe 417.

(2) Philip., 14, 15 ; Arist., I, ep. 27. — Cf. Philostr., Iepè yuuv. « Les jumbes qui no vont pas tout droit aux chevilles, et qui sont obliques et inclinées en dedans, lont pencher le corps, comme les bases non droites soutiennent mal les colonnes solides » (traduct. Minoïde-Mynas, p 38 du texte, 92 de la traduct.).