Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/340

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traits du Cômos que Philostrate nous dépeint, dans la description qui porte ce titre ; Cômos, sous la figure d’un jeune homme qui porte l’épieu et le flambeau, est un personnage exceptionnel ; il convient là, où il faut personnifier la joie des festins, à laquelle se livrent des adolescents ; dans le cortège de Dionysos, il semble qu’il doive conserver son caractère primitif de divinité sylvestre et fougueuse ; il représente plus une force de la nature qu’une habitude de la vie civilisée ; il participe plus à l’essence divine ; il tient moins de l’allégorie.



XXV

La naissance d’hermès.


Cet enfant tout jeune, encore dans ses langes, qui pousse des génisses vers une ouverture de la terre, c’est Hermès, c’est lui encore qui dérobe les flèches d’Apollon. Ils sont tout à fait plaisants les larcins du dieu. On dit que le fils de Maia, à peine né, eut la passion et le génie du vol ; non par indigence, puisqu’il était dieu, mais par manière de passe-temps et par espièglerie. Veux-tu savoir ce qu’il sait faire ? considère le tableau. Hermès vient de naître sur les sommets de l’Olympe, dans les hautes demeures des dieux. Ce séjour, dit Homère, ne connaît point la pluie, n’entend point le souffle des vents, n’est point battu de la neige, tant il est élevé : la montagne toute divine, est exempte des intempéries qui sont le partage des montagnes habitées par les hommes. C’est là que les Heures prennent soin d’Hermès. Car ces déesses sont aussi représentées, chacune avec la grâce qui lui est propre ; elles enveloppent l’enfant dans ses langes et répandent sur lui les plus belles fleurs, honneur bien dû au berceau d’un dieu. Puis elles se tournent du côté de la mère d’Hermès, que l’on voit étendue sur son lit ; alors Hermès se dégage de ses langes, se met à marcher et descend de l’Olympe. La montagne se réjouit à sa vue ; elle sourit presque comme le ferait un homme ; elle est toute fière en effet d’avoir donné naissance à Hermès. Mais venons au larcin. Ces génisses que tu vois paître, au pied de l’Olympe, ont les cornes dorées, la robe plus blanche que la neige ; c’est qu’elles sont consacrées à Apollon. Hermès les emmène, les pousse devant lui vers une excavation de la terre, non pour les y laisser périr, mais pour les faire disparaître pendant un jour, jusqu’au moment où Apollon s’avisera de songer à elles, puis l’enfant, comme s’il n’était pour rien dans l’aventure, rentre dans ses langes. Mais voilà Apollon qui vient trouver Maia pour réclamer ses génisses ; celle-ci se montre incrédule, et croit que le dieu veut plaisanter. Veux-tu savoir ce qu’il dit ? Il me semble non seulement le voir parler, mais comprendre son langage d’après sa figure. Il est