Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/342

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était l’attitude des Heures ? « Elles enveloppent, dit Philostrate, le dieu dans les langes ; elles répandent sur lui les plus belles fleurs. » Cette scène paraît être sortie entièrement de l’imagination du rhéteur ; tel a été le rôle des Heures, au moment même de la naissance d’Hermès, mais ce n’est pas ce moment même que le peintre a voulu représenter, puisque Hermès avait eu le temps de descendre la montagne, et même de la remonter à l’insu de sa mère et des Heures elles-mêmes. Donc la véritable attitude des Heures nous est indiquée par ces mots : elles se tournent du côté de Maia. Chacune était représentée avec la grâce qui lui est propre. Sur les monuments, les Heures, au nombre de trois ou quatre, se livrent à la danse, portent dans les mains des fruits et des fleurs ; plus tard, les artistes leur donnèrent les diffé- rents attributs des saisons, à l’Henre du printemps, par exemple, un lièvre dans une main. une corbeille de fleurs dans l’autre ; à l’Heure de l’été, une faucille et un calathos plein d’épis ; à l’Heure de l’automne, la couronne de fruits, le panier rempli de pommes ou de grenades, le cep de vigne avec ses raisins ; à l’Heure de l’hiver, une branche effeuillée, un couple de canards (1). Les Heures du tableau de Philostrate, conçues non comme la personnifica- tion des saisons ou des heures du jour, mais comme des divinités chargées de rendre des soins aux grandes déesses, n’étaient sans doute distinguées que par l’expression et le caractère même du visage : Philostrate songeant aux attributs qui les accompagnent d’ordinaire, nous avertit qu’ici elles ne les avaient pas, en nous disant : chacune a sa grâce propre. Maia reposait sur un lit, comme Alcmène après la naissance d’Hercule, que représente une médaille du musée Pio-Clementin (2), comme Léda, la mère des Dioscures, sur un autre monument (3), comme Sémélé, la mère de Dionysos dans la peinture célèbre du prince Gargarine, ou sur tel bas- relief de sarcophage (4). Mais, ainsi que le fait remarquer Welcker, Maia devait avoir une autre attitude, une autre expression que Léda, Sémélé ou Alemène, — non pas que Hermès fût beaucoup plus âgé qu’Héraclès, que Dionysos, que les Dioseures (il venait de naître, dit expressément Philostrate), — mais la scène est différente : Maia devait se soulever pour écouter Apollon, et sans doute montrer sur son visage un étonnement mêlé de crainte. Ilest assez facile de se représenter Apollon debout devant Maia et Hermès le dépouillant de ses flèches. Nous ne connaissons aucun monument qui puisse être rapporté à cette scène ou à la précédente, le vol des bœufs. Mais les archéologues ont cru reconnaître Hermès partant pour dérober les bœufs d’Apollon, sur une pierre gravée (3) ; le dieu est enveloppé d’un petit () Cf Helbig, Wandgemn., n° 975-1004. (2) Museo Pio Clem., t. IV, pl. 31. Cf. Millin, Gale ». myth., 109.

(3) Millin, Voy. au Midi de la France, M, 39. G. myth., pl. 144. () Müller-Wieseler, D. d. a. K., Il, 391 et 392.

(5) Müller-Wieseler, D. d. a. K., Il, 334. — Lippert, Daktyl. Suppl. n° 186. Voir aussi une