Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/377

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Philostrate loue beaucoup le peintre d’avoir dissimulé le passage de la nature humaine à celle du cheval. Lucien donne un éloge semblable à Zeuxis qui avait représenté des centaurides allaitant leurs petits (1). Si c’est là un mérite, il faut bien reconnaître que surles monuments antiques conservés jusqu’à nous, nous le retrouvons rarement. Les anciens paraissent avoir re- présenté les centaures de trois manières; dans le principe, l'homme reste


entier avec son buste et ses jambes et la partie chevaline vient s’y souder par derrière; plus tard le cheval conservera ses quatre jambes; le buste de l'homme sera placé de telle sorte qu’il sera immédiatement continué par les deux jambes du cheval; le corps de l'homme n'a ainsi aucune souplesse ; une ligne raide dessine les flancs et les jambes. Ces deux types manquent de grâce en général (2), le troisième est au contraire un chef-d'œuvre d'élé-

(1) Lucien, Zeuris, e. 6.

€) Nous donnons (p.361) un exemple du premier type d'après une très belle intaille inédite de la Bibliothèque nationale (Catal. Ghabouillet, n° 1689) ; on remarquera peut-être que cel exemple dément un peu notre assertion sur le manque de grâce que nous reprocherons à ce type du centaure ; mais on voudra bien observer par quel adroit artifice l'artiste a su racheter le défaut en question et même le changer en un très piquant effet; la céntauresso lève une jambe, une jambe humaine, à la manière d'un cheval qui pialfe, et une jambe ainsi levée semble apparte- nir à la parlie chevaline dont elle continue heureusement les lignes. Que l'on abaisse cette jambe par la pensée et l'on se rendra compte du tort que ferait à ce beau corps de femme cette croupe de cheval ainsi juxtaposée.



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