Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/417

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ne vengeant plus sa fille, comme dans Eschyle, mais y nt elle-mème ses droits d’épouse, le sujet perd de sa dignité. L'observation est juste ; mais, dans l’art et la poésie grecque, la légende a-t-elle toujours conservé ce carac- tère de grandeur qu'Eschyle lui avait imprimé? Quoi d'étonnant dès lors siun peintre, contemporain de Philostrate, ne pense pas comme Eschyle; s’il arme Clylemnestre plutôt contre l'époux infidèle que contre le père barbare : s’il fait de l'amour l'instrument de la terrible fatalité qui devait renverser la maison des Atrides ? Gardons-nous de dire avec Brunn (1), pour justifier le peintre, que le geste de Cassandre n’exprimait pas l'amour, que son altitude



Figure rée d’un bas-relief d'une urne étrusque (D'après Wicar, Galerie de Florence et palais Piui).

rappelait seulement la voyante pleurant sur la destinée qui l'avait amenée en Grèce pour mourir avec Agamemnon. Philostrate aurait-il dit que Cassandre se précipitait vers le héros dans un transport de tendresse et d'enthousiasme, si son visage ne portait point la trace de son amour ? Il a vu le tableau ; ne contestons pas une explication qui, pour ne pas être conforme à la conception d'Eschyle, ne dénature point essentiellement l'antique légende, et quisurtout ne parait point contraire à l'esprit des écoles plus récentes, en particulier de l'école alexandrine.

Le peintre avait habilement varié les attitudes des convives menacés par les satellites d'Egisthe. Le texte de Philostrate mêle ici d'une façon assez obscure la description et l'explication : ce sont deux choses qu'il importe de distinguer. L'un a la gorge ouverte, l'autre a la tête séparée du tronc; ainsi sans doute étaient représentés leurs cadavres dans Ja salle du festin : c'est Philostrate qui imagine que le premier a élé Lué au moment où il buvait ou mangeait, le second au moment où il se penchait sur le cratère ; sans doute


(1) Brunn, Die Philostr, Gem., p 261. 26

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