Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/419

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est pas indispensable. Cependant, si l’attitude d’Egisthe n’est pas décrite, ce personnage est nommé par Philostrate : « L’ivresse de tous est si profonde, dit le sophiste, qu’Egisthe lui-même s’est enhardi à frapper. » Nous nous représentons volontiers Egisthe, le couteau à la main, contemplant son œuvre achevée et attendant que Clytemnestre ait achevé la sienne[1].

Philostrate nous montre Agamemnon assis dans le festin au milieu de femmes et de jeunes gens. Les jeunes gens sont massacrés comme Agamemnon lui-même. Mais quelles sont ces femmes et que sont-elles devenues au milieu du carnage ? Welcker croit qu’il ne faut pas trop presser le texte de Philostrate. Mais Philostrate entend sans doute par ces femmes Clytemnestre et Cassandre elle-même. Agamemnon, remarque le rhéteur, n’est plus sur les rivages de Troie, au milieu de ses soldats et de son conseil ; il est dans un festin auquel assistent, outre des jeunes gens, les compagnons d’Égisthe et les siens, sa femme et son amante, celle-ci incapable de le protéger, celle-là acharnée à sa perte.



XI

Pan.


Pan, disaient les Nymphes, danse sans aucune grâce ; dans ses transports désordonnés il saute et bondit comme les boucs à la joie pétulante ; apprenons-lui une autre danse d’un caractère plus aimable. Mais Pan, loin de les écouter, portait la main sur elles, touchait leurs seins. Elles l’ont donc surpris, vers le milieu du jour, à l’heure où, dit-on, le dieu s’abandonne au sommeil, après la fatigue de la chasse. Car il dormait autrefois dans une pose indolente, les ailes du nez mollement rabattues, dépouillées par le sommeil de toute marque de colère ; aujourd’hui le dieu est outré de fureur ; assailli par les nymphes qui lui ont attaché les mains derrière le dos, il craint pour ses jambes qu’elles veulent saisir. Sa barbe, à laquelle il tient tant, est tombée sous le fer du rasoir. Ses ennemies lui disent qu’elles persuaderont à Echo de le mépriser, de ne plus lui parler. Après avoir contemplé d’un seul regard le groupe des Nymphes, examinons-les par tribus : voici les Naïades avec leurs cheveux qui laissent tomber l’eau goutte à goutte ; voici les nymphes agrestes, non moins belles avec leur chevelure négligée et aride. En voici d’autres qui ont reçu de la nature une couronne de fleurs, couleur de l’hyacinthe.



Commentaire.


Les Nymphes sous différents noms habitent, comme le dieu Pan, les montagnes, les forêts, le bord des ruisseaux ; aussi est-il souvent groupé, sur

  1. Cf. Friederichs, Nachträgliches, p. 163 (Iahkrbücher de Fleckeisen, Supplement b, 1864-72) ; Brunn, même journal, 1871, p. 91.