Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/523

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Commentaire.

Sur le sol, des fleurs, des vignes, des épis ; dans les airs, des figures qui semblent descendre du ciel et dansent en chœur, voilà tous les éléments du tableau que décrit Philostrate. Rien n’est plus facile, semble-t-il, pour l’ima- gination que de se représenter une composition semblable ; cependant le texte du sophiste nous laisse indécis sur plus d’un point.

Et d’abord combien y avait-il d’Heures ? Pausanias, parlant du culte qu’on leur rendait à Athènes, n’en nomme que deux : Thallo, l’heure du printemps, Carpô, l’heure de l’été (1), Elles n’étaient que deux aussi sur le trône d’Amy- clées (2) ; Hésiode (3) en connaît trois ; mais les noms qu’il donne à chacune d’elles, ÆZunomia, la Législatrice, Dikw, la Justice, Æüréné, la Paix, montrent qu’il n’a point en vueles Heures qui président aux saisons ; d’ailleurs celles ei sont bien les sœurs des premières, car les unes représentent dans le monde moral la mesure, la régularité, la grâce que les autres personnifient dans le monde physique. Sur les monuments figurés elles sont trois en général, soit que ce nombre ait été consacré de bonne heure par la religion ou la tradi- tion poétique, soit qu’il ait permis aux artistes de former un groupe élégant et bien pondéré. Enfin des poètes ont compté quatre Heures en les identi- fiant aux quatre saisons de l’année, ou même douze, en les prenant pour les douze heures dujour et de la nuit. Les archéologues ont pensé que dans notre tableau la ronde de l’année était menée par quatre heures, répondant aux quatre saisons caractérisées d’ailleurs par les fleurs du printemps, les épis de l’été, les vignes de l’automne, les labours de fl ! Mais nous devons ici remarquer le langage de Philostrate ; ce n’est point à l’Heure, mais aux Heures printanières qu’il s’adresse ; ce sont des Heures à la chevelure dorée qui se suspendent sur la pointe des épis ; ce sont des Heures que les vignes cherchent à arrèter dans leur course. 11 faut donc supposer, croyons-nous, que le chœur n’était pas seulementcomposé de quatre figures de femmes ; peut- être élaient-elles douze, autant que de mois dans l’année, et se partageaient- elles en quatre groupes, trois heures par saison ; peut-être aussi l’artiste s’étudiant à composer un groupe harmonieux, n’avait-il point réglé le nom- bre de ses figures d’après leur signification allégorique.

Quelle était maintenant la situation des Heures, les unes par rapport aux autres ? La première idée qui se présente à l’esprit, c’est qu’elles dansaient en cercle ; et en effet, dit Philostrate, elles font tourner l’année sur elle- même ; elles se tiennent par les mains. Vois, ajoute le rhéleur, avec quelle rapidité leur ronde est entraînée ! D’un autre côté, quelques-unes d’entre elles au moins ont un bras levé ; en outre nulle n’était vue de dos ; elles



(1) Pausanias, IX, 35, 2. C2) {bid., I, 18, 10. (8) Hés., Theog., 901.

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