Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/359

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retiré du bois, où sur le matin travaille d’ennuy, et du trop long marcher, il fut contraint de se coucher sous quelques arbres, où tout moite de pleurs, en fin son extreme déplaisir le contraignit de s’endormir.


LE HUICTIESME LIVRE
DE LA PREMIERE
Partie d'Astrée


Soudain que le jour parut, Diane, Astrée et Phillis se trouverent ensemble, afin d’estre au lever de Leonide, qui ne pouvant assez estimer leur honnesteté et courtoisie, s’estoit habillée dés que la premiere clarté avoit donné dans sa chambre, pour ne perdre un seul moment du temps qu’elle pourroit demeurer avec elles, de sorte que ces bergeres furent estonnées de la voir si diligente, lors qu’elles ouvrirent la porte, et toutes ensemble, se prenant par la main ; sortirent du hameau pour commencer le mesme exercice du jour precedent.

A peine avoient elles passé entierement les dernieres maisons, qu’elles apperceurent Silvandre, qui sous la faincte recherche de Diane, commençoit à ressentir une amour naissante et véritable ; car picqué de ce nouveau soucy, de toute la nuict il n’avait peu clorre l’œil, tant son penser luy estoit allé representant tous les discours, et toutes les actions qu’il avoit veues de Diane le jour auparavant, si bien que ne pouvant attendre la venue de l’aurore dans le lict, il l’avoit devancée, et avoit desja esté