long temps pres de ce hameau, pour voir quand sa nouvelle maistresse sortiroit, et aussi tost qu’il l’avoit apperceue, s’en estoit venu à elle chantant ces vers.
Stances
Des désirs trop élevez.
Espoirs, Ixions en audace,
Du Ciel dédaignant la menace,
Vous aspirez plus qu’il ne faut :
Au Ciel comme Icare pretendre,
C’est bien pour tomber d’un grand saut
Mais ne laissez de l’entreprendre.
Ainsi que jadis Promethée
En sa poictrine bequetée
Ses tourmens immortalisa,
Ayant ravy le feu celeste
Il dit : au moins ce bien me reste,
D’avoir peu ce que nul n’osa.
Mon cœur sur un roc de constance
Tout devoré par ma souffrance,
Dira : Les plus hautains esprits
N’ont osé desrober sa flame,
Et j’ay ceste gloire en mon ame
D’avoir plus que nul entrepris.
Echo pour l’amour de Narcisse
Contant aux rochers son supplice,
Se consoloit en son esmoy,
Et leur disoit toute enflammée :
Si de luy je ne suis l’aimée,
Nul autre ne l’aime que moy.
Phillis, qui estoit d’une humeur fort gaye, et qui se vouloit bien acquiter de l’essay à quoy elle avoit esté condamnée, se tournant vers Diane : Ma maistresse,